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Lors d’un récent passage à Glion, Cécile Tallon-Cooper, ancienne élève de l’école, a réfléchi à la formation qu’elle a suivie et qui lui a permis de se lancer dans l’hôtellerie, puis de mener une brillante carrière dans le secteur du luxe. The Insider l’a rencontrée pour en savoir plus…

En l’espace de vingt ans, Cécile Tallon-Cooper a travaillé pour Acqua di Parma, Ralph Lauren, Chanel et, plus récemment, Gucci. Quatre marques de prestige, quatre machines à émotions.

Comment y est-elle parvenue ? « C’est avant tout une question de timing », explique-t-elle. « Toutes les entreprises, y compris les marques de luxe, connaissent des cycles. Mon ambition a toujours été d’entrer au bon moment dans ce cycle. J’ai donc effectué des recherches tout au long de ma carrière ; lorsque je vois qu’une marque ou une entreprise franchit un nouveau cap et commence à se développer, c’est là que je me lance. »

Elle cite l’exemple de Luxottica, un groupe qui, selon Cécile, n’était pas au niveau où il est aujourd’hui lorsqu’elle l’a rejoint. « À l’époque, Luxottica avait engagé un nouveau PDG dynamique, Andrea Guerra, qui avait pour mission de transformer l’entreprise. J’ai pu intégrer l’entreprise au début de ce processus. Malgré la taille de l’entreprise et les marques pour lesquelles je travaillais, Ralph Lauren et Chanel, j’avais l’impression de travailler pour une start-up, ce qui était très excitant ! »

Le lancement de la collection Hôtel d’Acqua di Parma est un souvenir de l’époque où Cécile travaillait pour la marque.

Après avoir travaillé pendant 11 ans chez Luxottica, Cécile a rejoint Gucci en 2017, où elle est devenue directrice des licences internationales. Elle s’est retrouvée à la tête des activités de licence de l’entreprise, un domaine de l’industrie du luxe à haut risque, qu’elle aime particulièrement.

« Toutes les marques de luxe exploitent des licences afin de toucher un plus grand nombre de consommateurs. Cela nous donne la possibilité de proposer des produits à des prix beaucoup plus abordables, et donc d’attirer de nouveaux clients. Cela peut également permettre aux marques d’être présentes dans des secteurs nécessitant une fabrication spécialisée ou ayant généralement de grandes barrières à l’entrée, comme les lunettes ou les parfums. »

Les titulaires de licence doivent être soigneusement contrôlés, dans le cadre d’un partenariat, pour s’assurer qu’ils respectent les accords relatifs à certains domaines, comme la qualité des produits et l’utilisation de la marque à des fins de marketing. Les collections de produits elles-mêmes doivent également être pertinentes pour la marque dans son ensemble ; c’est pourquoi il n’existe pas de matériel de jardinage Gucci ou de bicyclettes Chanel.

« Concéder une licence est à double tranchant : il vous faut donc avoir une maîtrise parfaite de la situation », explique Cécile.

L’alliance parfaite du luxe et de l’hôtellerie

Selon Cécile, la prochaine grande opportunité dans le domaine des licences réside dans la convergence des marques de luxe avec le voyage et l’hôtellerie.

« C’est une association tout à fait naturelle, car le consommateur de luxe voyage beaucoup. Nous disposons donc d’une formidable opportunité, celle de l’accompagner dans ses voyages et de faire partie de cet aspect de sa vie. Nous voyons déjà les grands groupes comme LVMH aller dans cette direction ; la pandémie a nettement ralenti ce phénomène, mais il va s’accélérer à nouveau. »

L’un des plus grands avantages d’une telle convergence est qu’elle offre aux marques de nouvelles opportunités de s’étendre de manière légitime. À titre d’exemple, Cécile mentionne Armani, qui a utilisé son programme hôtelier révolutionnaire pour lancer des produits pour la maison, en plus des vêtements et accessoires plus traditionnels.

« Nous avons également vu l’ouverture du Fendi Private Suites à Rome, suivie l’année dernière par le lancement de la collection d’articles de maison Fendi Casa. »

 
La suite Royal signée Gucci au Savoy de Londres

Gucci s’est également lancée dans l’hôtellerie de luxe, en ouvrant l’année dernière la somptueuse suite Royal signée Gucci à l’hôtel Savoy de Londres (voir photo ci-dessus). Ce partenariat conclu à l’occasion du 100ème anniversaire de la marque est également un clin d’œil à Guccio Gucci, le fondateur de la marque, qui a travaillé à l’hôtel comme bagagiste et liftier dans sa jeunesse.

Une carrière en deux temps

Après avoir décroché son diplôme à Glion, elle a d’abord travaillé aux États-Unis, où son premier poste, plutôt insolite, consistait à organiser les tournées de groupes de rock.

Elle a ensuite travaillé dans l’hôtellerie pour le groupe Sofitel, puis, davantage intéressée par le marketing et la communication, elle est retournée en Europe pour faire un Master en marketing à l’ESSEC.

« J’ai délibérément choisi de m’orienter vers les produits de luxe à cette époque, car je sentais que la mondialisation était en train de tout changer et qu’elle aurait un impact positif sur le luxe. C’était le début de l’industrie que nous connaissons aujourd’hui. »

En effet, rappelons qu’à cette époque, LVMH était loin d’avoir la taille qu’on lui connaît aujourd’hui ; le groupe Pinault-Printemps-Redoute (aujourd’hui Kering) venait tout juste d’annoncer sa prise de participation dans Gucci et de racheter Yves Saint Laurent, opérant ainsi un virage vers le luxe et abandonnant la grande distribution.

Cécile a pris une initiative audacieuse : entrer dans ce secteur en occupant un poste (le développement de produits) pour lequel elle n’avait aucune expérience pratique, et ce, dans un pays (l’Italie) dont elle ne parlait pas la langue.

« Je ne sais vraiment pas comment j’ai survécu ! », se souvient-elle. « C’était difficile, mais j’aimais les marques et mon implication dans le développement de produits m’a permis d’acquérir de très bonnes bases dans le domaine du luxe. Je dirais que c’est un poste essentiel à occuper si vous voulez acquérir les connaissances et les compétences nécessaires pour mener une grande carrière dans ce secteur. »

En ce qui concerne l’avenir, Cécile admet qu’elle est surtout fascinée par la façon dont le changement générationnel se produit. En tant que mère d’une fille de la génération Z, elle sera aux premières loges.

« Le monde que nous connaissions en 2019 a disparu, et de nombreux bouleversements sont à prévoir au niveau de la technologie et de la durabilité. De plus, les millennials et surtout la génération Z vont s’emparer de marchés comme celui du luxe », souligne-t-elle. « Notre monde sera complètement différent dans cinq ans, et je trouve fascinant d’essayer de comprendre comment les choses vont évoluer.

« J’adore ça, parce que cela nous pousse tous à réagir et à nous adapter. J’adorerais rester dans le secteur du luxe pour faire partie de cette prochaine révolution. »

« Le monde que nous connaissions en 2019 a disparu, et de nombreux bouleversements sont à prévoir au niveau de la technologie et de la durabilité. De plus, les millennials et surtout la génération Z vont s’emparer de marchés comme celui du luxe. Notre monde sera complètement différent dans cinq ans, et je trouve fascinant d’essayer de comprendre comment les choses vont évoluer. »

Cécile Tallon-Cooper

Un retour triomphal

En début d’année, Cécile est revenue à Glion en tant qu’invitée d’honneur à notre cérémonie de remise des diplômes. Elle a prononcé un discours devant les diplômés, que vous pouvez regarder en cliquant sur ce lien.

« C’était formidable de revenir sur le campus et de voir à quel point les installations avaient changé. Comparé à l’époque où j’y étais, le campus ressemble maintenant à un hôtel 5 étoiles, même si, bien sûr, nous avions déjà cette vue imprenable sur Montreux et le lac !

« Mais ce qui m’est vraiment revenu à l’esprit, c’est l’incroyable diversité des étudiants. C’était une particularité de Glion à l’époque où j’y étudiais et c’est toujours le cas aujourd’hui. Cette richesse d’influences culturelles et les amis que vous vous faites dans le monde entier vous confèrent vraiment une vision globale que vous ne pouvez acquérir qu’à Glion.

« Enfin, ce que j’ai retenu de la cérémonie de remise des diplômes, c’est la qualité du corps enseignant et sa passion pour le partage des connaissances, dont j’ai incontestablement bénéficié pendant mes études. Ces professeurs sont vraiment des passionnés ! »

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