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de Hautes Études

Pour célébrer notre 60ème anniversaire nous avons rencontré Georgette Davey, directrice générale de Glion depuis 2017. Ensemble nous avons discuté de son parcours professionnel et de Glion.

 

Après avoir travaillé pour Hilton International dans le monde entier, Georgette Davey est revenue au Royaume-Uni, son pays natal, au début des années 1990. Un retour aux sources qui lui a permis de débuter une nouvelle aventure au sein du groupe Adnams, un opérateur indépendant d’hôtels de luxe situé dans l’est de l’Angleterre.

Une expérience qui lui a permis de constater que la plupart des stagiaires avaient beaucoup plus étudiés la théorie que la pratique. Déterminée à tirer les jeunes vers le haut, elle a accepté d’encadrer des étudiants au restaurant d’application de l’University Campus Suffolk (aujourd’hui dénommée Université du Suffolk).

De cette initiative est née une nouvelle carrière. Georgette a ensuite été invitée à enseigner quelques jours par semaine, puis a rapidement gravi les échelons pour devenir responsable du programme en hôtellerie, loisirs et tourisme. À ce titre, elle a permis à l’université d’obtenir une accréditation au Royaume-Uni avec un score de 21 sur 24.

En 2001, elle s’est installée en Suisse et a découvert pour la première fois une école spécialisée dans l’hôtellerie, à savoir notre institution partenaire, Les Roches. Cette expérience a marqué le début de sa nouvelle orientation professionnelle, ponctuée par des passages à l’EHL, à Glion et au South Thames College.

En 2013, Georgette est revenue à Glion, acceptant le défi de lancer un tout nouveau campus à Londres. Pour connaître la suite, reprenons l’histoire avec elle…

The Insider (TI) : Quel souvenir gardez-vous du lancement du campus de Glion Londres ?
Georgette Davey (GD) : L’aspect le plus intéressant pour moi est sans doute l’opportunité qui nous a été donnée de prendre un nouveau départ, tout en bénéficiant de l’histoire et de l’héritage de Glion. Il y a eu quelques coentreprises hors de Suisse, mais ce campus était notre premier campus à l’étranger reflétant entièrement notre marque ; à ce jour, c’est toujours le seul campus britannique ouvert par une école hôtelière suisse.

Nous avons profité de cette opportunité pour faire les choses un peu différemment. Par exemple, j’ai insisté pour que nous n’utilisions plus de papier dès le premier jour. Bien sûr, notre programme académique était similaire à celui de la Suisse, de même que les éléments classiques de Glion, comme notre code vestimentaire strict. Cela nous a causé quelques désagréments au début, car nos étudiants partageaient un bâtiment avec les étudiants de premier cycle de notre hôte, l’université de Roehampton. Étant donné que « l’uniforme » des étudiants de l’université était généralement constitué d’un jean déchiré, d’un t-shirt et d’un sweat à capuche, nous avons eu droit à quelques railleries au départ ! Mais c’était il y a neuf ans et les deux communautés étudiantes vivent désormais en harmonie sur le campus de Roehampton.

TI : En tant qu’institution, quelle est l’importance d’avoir un autre campus à l’international ?
GD : Je pense que cela nous apporte un avantage considérable. Cela permet à nos étudiants de choisir de passer un semestre de façon indépendante, loin du système plus classique d’internat que nous avons en Suisse ; cela leur permet de grandir et de mûrir. Et bien sûr, Londres a beaucoup à offrir à un étudiant en hôtellerie : c’est l’une des villes les plus visitées au monde et elle possède un nombre incroyable d’hôtels 5 étoiles que les étudiants peuvent découvrir et fréquenter.

À Londres, nous n’avons pas besoin d’un Powerpoint pour expliquer comment fonctionne la réception d’un hôtel de luxe ; il nous suffit de mettre les étudiants dans une rame de métro et de les emmener à Park Lane pour voir comment on procède au Dorchester, au Hilton ou au Grosvenor House.

TI: Vous êtes revenue en Suisse pour devenir directrice générale en 2017. Comment définiriez-vous ce poste dans le cadre d’une institution comme Glion ?
GD : Vous noterez que je suis directrice générale et non PDG. C’est en quelque sorte un clin d’œil à mon ancienne vie dans l’hôtellerie. Dans un hôtel, le directeur général est très visible : on le voit toute la journée, tous les jours, dans les étages, en train de parler aux clients et au personnel. C’est exactement ainsi que je perçois mon rôle, qui est très différent de celui d’un vice-chancelier dans une université publique. Mon travail comporte une dimension stratégique mais consiste également à aller sur le terrain et à parler à toutes nos communautés, qu’il s’agisse du personnel et des étudiants sur le campus ou des parents et des sponsors dans leur pays.

TI : Depuis que vous tenez les rênes, Glion a-t-il connu une évolution ou une révolution ?
GD : Beaucoup d’évolutions, je pense. Nous avons un héritage incroyable et il n’était pas nécessaire de le supprimer. Mais ce que j’ai cherché à faire, c’est resserrer les liens au sein de l’école, non seulement sur le plan géographique, mais aussi en encourageant les équipes à collaborer plus étroitement, et surtout en comblant le fossé entre les étudiants et l’équipe de direction.

L’esprit de Glion c’est l’unité.

J’aime à penser que nous formons une communauté plus soudée aujourd’hui, et c’est grâce au travail des Student Government Associations (SGA) en Suisse et à Londres, mais aussi grâce à l’équipe de direction qui est devenue plus visible sur le campus. Il ne suffit pas de rester dans votre bureau en prétendant que votre porte est ouverte ; vous devez sortir dans les couloirs et les espaces communs et parler aux gens.

TI : Comment définiriez-vous votre style de leadership ?
GD : C’est à mon équipe que vous devriez poser cette question, pas à moi ! Je dirais que j’essaie de diriger en montrant l’exemple, en intervenant et en effectuant certaines tâches lorsque c’est nécessaire. À Londres, nous nous sommes engagés à ne jamais annuler de cours, car les étudiants ont horreur de cela. Du coup, si un membre du corps enseignant était malade, je me retrouvais rapidement devant un groupe d’étudiants pour leur enseigner la littérature anglaise, par exemple. Plus récemment, vous auriez pu me voir en tenue décontractée en train d’accrocher des rideaux et de fixer des rails aux murs dans les chambres des étudiants, parce que nous sommes en train de rénover le campus et qu’à ce moment-là, une partie de l’équipe était malade, donc nous étions à court de personnel.

Il faut trouver le juste milieu entre s’impliquer et ne pas faire de microgestion. J’essaie aussi de m’entourer d’une équipe solide, puis de leur donner confiance en leurs propres capacités. Le leadership, c’est un peu comme monter sur un tandem ; vous devez pouvoir descendre de la selle avant sans que tout ne s’arrête, parce que la vision et la confiance sont là, et que l’équipe a la force de continuer malgré tout.

TI : Cette force a sans aucun doute été mise à rude épreuve par les événements des deux dernières années. Comment avez-vous vécu votre rôle de directrice générale pendant le printemps et l’été 2020 ?
GD : Ce fut certainement la plus importante expérience de leadership que j’ai eue. Nous n’avions pas de règles concernant la Covid-19. Il a donc fallu apprendre au jour le jour et procéder étape par étape, mais en mettant systématiquement les étudiants au premier plan de chaque décision. Leur sécurité, leur bien-être et leur confiance étaient absolument primordiaux, car les étudiants et leur famille étaient naturellement très inquiets.

Nous avons rapatrié la plupart d’entre eux, mais nous nous sommes occupés de ceux qui sont restés avec nous (que nous appelions affectueusement « les 72 de Glion ») jusqu’au bout. Ils se sont efforcés d’apporter un peu de normalité à cette situation très anormale. À titre d’exemple, nos chefs ont préparé des œufs en chocolat pour tout le monde pendant les vacances de Pâques, tandis que les membres du personnel se sont mis à amener leurs chiens sur le campus pour que les étudiants puissent les promener. Cette dernière initiative a connu un franc succès.

TI : Parlons maintenant de choses plus joyeuses, et en particulier du 60ème anniversaire. Pouvez-vous nous donner une idée de ce qui nous attend cette année ?
GD : Tout sera fait pour célébrer l’esprit de Glion et l’appartenance à vie à notre « famille » dont on bénéficie en étudiant ici. Nous avons prévu des événements qui feront revenir les anciens étudiants qui ne sont pas venus sur le campus depuis longtemps. De plus, beaucoup de membres du personnel travaillent pour nous depuis des dizaines d’années. Il s’agit donc de célébrer cet héritage de manière à donner à nos étudiants actuels un véritable aperçu de notre histoire et de nos réalisations, mais aussi du chemin que nous avons parcouru.

Par exemple, parmi ceux qui étaient à Glion il y a dix ans, je ne pense pas qu’il y en ait beaucoup qui auraient pu imaginer que nous proposions des cours en ligne en direct à des étudiants éparpillés dans le monde entier… Mais c’est exactement ce que nous avons fait lorsque la pandémie nous a obligés à fermer temporairement nos campus.

Ce déploiement rapide de technologies nous aidera également à intensifier nos efforts dans le domaine de l’apprentissage continu, en nous permettant de mettre au point des programmes adaptés à ceux qui souhaitent étudier hors du campus, ou sans abandonner leur activité professionnelle actuelle. Nous allons bientôt annoncer d’importantes nouveautés à ce sujet ; restez à l’écoute !
TI : Selon vous quelle est la recette du succès de Glion depuis soixante ans ?
GD : Ce succès est dû à nos étudiants, à leur passion pour l’apprentissage et, bien sûr, à nos enseignants, qui transmettent avec ardeur leur savoir à la prochaine génération de leaders du luxe et de l’hôtellerie. Et, bien sûr, cela repose aussi sur nos anciens étudiants, dont la plupart restent impliqués dans l’école, en accueillant des stagiaires et en embauchant des diplômés.

D’un point de vue plus général, notre institution se doit de rester à la pointe des évolutions des secteurs dans lesquels nous travaillons. Nos enseignants travaillent d’arrache-pied pour maintenir leurs connaissances à jour et nous faisons constamment évoluer nos programmes pour qu’ils répondent aux besoins des employeurs et aux ambitions professionnelles de nos étudiants. Dans les années 1960 et 1970, nos programmes ne portaient que sur l’hôtellerie. À l’heure actuelle, lorsque nous faisons des sondages auprès de nos anciens étudiants, presque la moitié d’entre eux ne travaillent pas dans l’hôtellerie. Les soft skills qu’ils ont développées avec nous leur ont permis de se forger une carrière dans un grand nombre de secteurs.

Je pense que c’est là la raison principale de notre succès.

Crédits

Stephane Kurdyban / Time Prod

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